L’intelligence artificielle monte en puissance dans les dispositifs de formation. Leur carburant : les données. Il est urgent, pour les Directions Formation, de savoir où elles en sont de leurs données… Commencer par leur inventaire et leur documentation.
Des “données apprenants” aux “données talents”
Les “données apprenants” sont celles produites par les salariés dans leurs interactions avec les systèmes de formation, lesquels sont de plus en plus nombreux, car le temps où la plateforme LMS était seule en piste est révolu. Ce peuvent être les données prises en compte par la norme Scorm (temps passés, scores obtenus…) ; ce pourront être dans les plateformes xAPI toutes les données afférentes aux déclarations des utilisateurs : “La réunion a laquelle j’ai participé, le livre que je viens de terminer… sont des actions de formation”.
La plateforme LMS peut de plus contenir des données figurant dans le profil des salariés (service d’appartenance, fonction…) et IT (email interne, applicatifs utilisés…).
Le développement des plateformes de gestion des talents accroît considérablement le volume et le spectre des données disponibles : informations recueillies lors du recrutement, de l’intégration, données relatives à la performance du collaborateur, souhaits d’évolution recueillis lors d’entretiens avec son manager, échanges dans le réseau social intégré dans la plateforme…
Un halo de données toujours plus dense et étendu
L’ensemble des activités se digitalisant, le collaborateur est suivi par un halo toujours plus dense et étendu de données touchant à son travail, à ses formations, à son parcours professionnel, à ses échanges dans l’entreprise.
Le cours en salle lui-même, qui se présentait naguère comme une boîte noire dont le formateur détenait seul la clé, peut s’enrichir d’activités et d’échanges digitaux. Des données sont de plus en plus souvent puisées à l’extérieur, par exemple dans les réseaux sociaux (LinkedIn) qu’on commence à voir s’interfacer avec les plateformes en entreprise.
L’utilisation professionnelle du smartphone privé (BYOD) et plus largement l’avénement de l’Internet des Objets démultiplie potentiellement la quantité et la qualité des données utilisables (sous contrainte RGPD).
Le carburant de l’Adaptive Learning
C’est sur l’ensemble de ces données que les algorithmes de l’intelligence artificielle vont travailler pour produire des recommandations qui pourront informer les décisions à prendre notamment en matière de formation. Dans ce domaine la promesse des algorithmes s’appelle “Adaptive Learning”.
La plateforme dotée de ces fonctionnalités permettra de “pousser” vers l’apprenant toute la formation et seulement elle dont il a besoin au moment opportun pour accroître sa performance opérationnelle et/ou nourrir ses souhaits d’évolution professionnelle. Last but not least : ces formations proposées seront d’autant plus attractives qu’elles tiendront compte des contraintes de planning de l’apprenant et de ses préférences de modalités.
Lancer le “plan Données formation”
Ces perspectives disent assez l’importance pour les Directions Formation de se pencher sérieusement sur leurs données.
Une importance qui se double d’urgence relative pour deux raisons :
- Effet de seuil / d’accélération prévisible : l’intelligence artificielle n’est plus cantonnée aux laboratoires de recherche, elle est partout dans nos vies personnelles (même si l’on n’en a pas toujours conscience) ; moins peut-être dans nos vies professionnelles, mais cela ne durera pas. Il est possible que l’intelligence artificielle déboule beaucoup plus rapidement qu’on le croyait dans les systèmes de formation.
- Ensuite, on doit constater le retard des Directions Formation dans la question de leurs données. Le sujet ne semble guère les passionner, sans doute parce qu’elles considèrent (à tort) que les seules données vraiment utiles sont celles qui figurent dans le logiciel de gestion de la formation, données qu’elles connaissent parfaitement pour être seules en charge de leur “training management system”.
On ne saurait trop conseiller aux Directions Formation qui ne s’y sont pas déjà mises de lancer leur Plan Données, en commençant tout simplement par en faire l’inventaire et la documentation.
Michel Diaz
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